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Fiction VML : LA RECONVERSION
par Corben Gallas, le 16/01/11 à 19h52
LA RECONVERSION




Durrës, Albanie.


Durrës - Albanie
Piro Molë sirote tranquillement son soda à la terrasse du Bar "Underbelly butë Ligë", tout en observant la frénésie qui s'est emparée du centre ville. La raison de cette agitation inhabituelle est simple : Teuta Durrës, le club de foot local, reçoit ce soir à 21h le prestigieux KF Tirana, et vise rien moins que la deuxième place du classement de Kategoria Superiore en cas de victoire. Piro n'est pas pressé. Pour lui aussi, un évènement important va se produire ce soir, mais cela n'a rien à voir avec le football. Non, Le foot c'est plutôt l'affaire de son frangin. Formé par le club de Teuta Durrës, Viktor, son frère jumeau, est professionnel depuis un peu plus d'un an. Troisième gardien de but du club, il joue habituellement avec l'équipe réserve, en attendant sa chance au sein de l'élite. Viktor et Piro s'entendent parfaitement, mais ne partagent pas exactement les mêmes passions. On peut être jumeaux sans être des clones. Alors que Viktor consacre sa vie au football, Piro est plus marginal, se contentant de petits trafics qui lui permettent de vivre sereinement l'oisiveté à laquelle il aspire. Chacun respecte les choix de l'autre, et leurs différences n'affaiblissent nullement leur amour fraternel.




L'arrivée du véhicule de l'entraineur adjoint de Teuta met fin aux rêveries de Piro. Viktor en descend et vient s'asseoir face à lui.


- Salut Piro, ça me fait bizarre de te retrouver ici.


- Salut Vik. Alors, comment tu t'en sors ?


- Pas trop mal. Bledian Rizvani, notre gardien titulaire s'est blessé tout à l'heure. Il est parti à l'hôpital avec le toubib du club. Du coup, c'est "le vieux" qui sera dans les buts ce soir et je serai le gardien remplaçant. J'aurais préféré être titulaire, bien sur, mais bon, j'aurai peut-être ma chance? Tu assisteras au match ?


- Non, tu sais bien que j'ai autre chose de prévu. Si je peux, j'essaierai de te retrouver à la fin du match.


Alors qu'un coup de klaxon venant de la voiture du club retentit, Viktor se lève et lance, en rejoignant le véhicule : "Fais attention à toi, alors, et bonne chance".


- Ne t'inquiète pas. Et bonne chance à toi aussi.




*****




20h35. Piro est assis à l'arrière du 4x4 Mercedes. Ils filent à vive allure hors de Durrës, par la route du nord de la ville. Le Boss est au volant. Un talkie-walkie posé sur le siège passager émet des grésillements à intervalles réguliers. Leur destination : la grande, l'immense plage de Jubë, longue de 17 km, bordée sur toute sa longueur par une lande boisée de 2 km de large, lande elle-même truffée de chemins et petites routes permettant l'accès ou la fuite dans de multiples directions. Un lieu idéal pour les opérations de contrebande via la mer adriatique. Piro ne sait pas s'il s'agit ce soir d'un embarquement ou d'une réception de marchandises. Il s'en fiche, le principal c'est d'être là.


20h40. Fin de l'échauffement au stade Niko Dovana de Durrës. Les 12000 places sont occupées par des supporters bouillants de ferveur. Retour au vestiaire pour les joueurs, et derniers mots du coach avant le match. Viktor est gagné par une excitation grandissante. Xhevair Kapllani, surnommé "Le vieux" à cause de ses 35 ans, tente de le préserver de la pression en lui prodiguant quelques conseils réconfortants : "Si tu dois entrer en jeu, essaie de faire abstraction de l'ambiance. Peu importe si ça chante ou si ça siffle, reste dans ta bulle, bien concentré et tout se passera bien".


20h50. Piro et le Boss approchent de l'objectif. Ils ont quitté la route principale et traversent à présent la zone boisée qui borde la plage de Jubë. Le Boss transmet à Piro ses ultimes consignes. "Tu es ici pour observer, petit. Pas d'initiative, pas de mots inutiles. Tu ne parles que si je te le demande. Tu restes près de moi, tu exécutes mes ordres, et tout se passera bien". "Ok, Boss". Ils débouchent alors tous feux éteints sur la plage, pile à hauteur d'un groupe d'une dizaine de pick-up 4x4. L'obscurité n'étant pas complète, Piro aperçoit quelques visages inconnus parmi la vingtaine d'hommes présents qui viennent respectueusement saluer le Boss. Certains portent un talkie-walkie à la hanche, probablement pour être en contact avec des guetteurs. Le jeune Molë observe les lieux, et reconnait in petto que l'endroit est parfaitement adapté à leurs "besoins" : derrière lui, l'immense lande boisée. A droite et à gauche, la plage de sable s'étend sur des kilomètres à perte de vue. En face, la mer, qu'il distingue à peine, mais dont il entend les clapotis. Tout le monde parait figé dans une attente silencieuse.






20h55. Entrée des deux équipes sur le terrain dans un vacarme assourdissant. Sur le banc de touche, Viktor est littéralement émerveillé par l'atmosphère. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il se trouve dans un stade plein, mais aujourd'hui il le perçoit différemment. Après le protocole, le coup d'envoi est donné par Teuta et déjà, le pressing exercé par les joueurs de Tirana rappelle que l'enjeu de ce match est énorme.


21h20. Les deux barges sont apparues comme par magie. Cinq secondes auparavant, Piro ne voyait qu'une étendue de flots noirs, sans aucun point de repère. Un instant plus tard, elles étaient là, arrivées sans bruit dans l'obscurité. Deux barges d'une douzaine de mètres de long, chargées de dizaines de ballots de forme cubique. Un ballet silencieux se met immédiatement en branle, la moitié des hommes déchargeant les barges, l'autre moitié arrimant leur contenu sur la plateforme de certains pick-up. Visiblement, certains véhicules sont volontairement laissés vides. Piro observe la scène aux côtés du Boss, impressionné par l'habileté et la célérité de ces hommes, apparemment habitués à travailler silencieusement et efficacement.


21h40. Quel superbe but ! Après 40mn âprement disputées, Teuta vient d'ouvrir le score sur un but magnifique de son attaquant vedette Vangjel Mile, après une action collective de grande classe. Tout le banc s'est levé côté Teuta, et le stade est en ébullition. La tension augmente encore durant les dernières minutes mais le score n'évolue pas, et, lorsque l'arbitre siffle la mi-temps, les joueurs regagnent les vestiaires sous le fracas des applaudissements. Teuta mène 1-0 face à Tirana à la pause.


21h45. Une des barges est vide et prête à repartir, l'autre le sera dans quelques minutes. Deux colis plus petits que les autres ballots sont déchargés sur la plage. D'un geste, le Boss empêche qu'on les charge sur un pick-up. Il se tourne vers Piro :


- Petit, ces deux là sont pour moi. Mets-les dans le coffre de la Mercedes.


Piro s'exécute puis revient se poster près du Boss pour observer la suite de l'opération. On approche de la fin lorsqu'un, puis deux, puis tous les talkies-walkies se mettent à grésiller. Les hommes se figent en écoutant les messages. Aucun doute sur leur signification : les flics. Tous les guetteurs signalent l'arrivée de véhicules de police venant simultanément de plusieurs directions. Aucune panique pour autant chez ces hommes aguerris. Les cinq pick-up vides quittent aussitôt la plage. Ils vont foncer en direction des flics, et tenteront de forcer leurs barrages et de les égarer en les dirigeant vers de fausses pistes. Pendant ce temps, les derniers ballots sont enfin chargés, et les barges repartent silencieusement. Piro aperçoit au loin en mer le faisceau des projecteurs des garde-côtes qui balayent les flots à la recherche des contrebandiers. Alors que les derniers véhicules chargés s'engouffrent dans la zone boisée qui longe la plage, le Boss ordonne à Piro de prendre le volant de la Mercedes et monte à ses côtés, toujours en conversation au talkie-walkie avec ses guetteurs.


22h10. Rien ne va plus pour Teuta depuis la reprise. Tirana étouffe complètement son adversaire, qui n'a pas encore pu sortir de ses 30 mètres en deuxième mi-temps. Dix minutes d'une folle intensité au cours desquelles les locaux ne peuvent rien faire d'autre que s'arc-bouter sur la défense de leur but. C'est maintenant un corner pour Tirana, tiré haut et loin vers le deuxième poteau, probablement pour la volée de Muzaka, seul à l'entrée de la surface. Kapllani, le gardien de Teuta, sort des ses cages pour tenter d'intercepter le centre. Muzaka arme sa volée, les yeux rivés sur le ballon. Kapllani a lui aussi les yeux rivés sur le ballon, et se dirige vers Muzaka sans le voir. A l'arrivée de la balle, le gardien plonge et la capte, alors que simultanément, l'attaquant de Tirana exécute sa reprise de volée? directement dans la tête du malheureux Kapllani. Le choc est d'une violence inouïe et provoque un immense "Ooooh" dans le stade, suivi d'un silence tendu. L'entraineur de Teuta ne se fait aucune illusion. Alors que les soigneurs se précipitent sur le terrain avec la civière, il se tourne vers Viktor et lui confirme d'un signe de tête qu'il va entrer en jeu.


22h15. Piro roule en direction de Durrës. Depuis qu'ils ont débouché sur la route parallèle à la plage, aucun pick-up en vue, ni aucun véhicule de police. Le Boss se tient toujours informé par talkie de l'évolution des positions de chacun. La plage est loin derrière eux lorsque le Boss demande à Piro de ralentir et de s'engager tous feux éteints dans un chemin perpendiculaire qui mène au sommet d'une colline surplombant la route. Arrivés sur ce promontoire naturel, ils s'y arrêtent, bénéficiant d'une vue dégagée sur tout le secteur. Le Boss sort une paire de jumelles de la boite à gant et scrute l'horizon. Aïe. Les flics sont encore loin mais ils occupent toutes les voies de repli, et l'étau se referme inexorablement. Le Boss passe les jumelles à Piro et, après quelques instants de réflexion, lui annonce :


- Ecoute petit, ça ne sert à rien de se faire serrer tous les deux. Alors tu vas descendre, et rentrer à Durrës à pied en passant à travers champs. Tu n'es pas très loin, une quinzaine de kilomètres maximum. Même en marchant lentement et en te planquant régulièrement, tu y seras avant demain matin.


- Patron, j'ai peut-être une idée qui peut nous permettre de nous en sortir tous les deux.


- Raconte. Mais fais-vite, on a peu de temps.


- Deux questions d'abord : êtes-vous prêt à sacrifier la Mercedes, et est-ce que les deux colis dans le coffre craignent l'humidité ?


- Bon dieu petit, si on s'en sort sur ce coup là, je me fous pas mal de la bagnole. De toute façon, elle est "propre", ce qui signifie qu'on ne peut pas remonter jusqu'à moi par cette caisse. Quant aux colis dans le coffre, saches que tout ce qui voyage par mer est obligatoirement d'une étanchéité à toute épreuve, c'est une question évidente de nécessité. Allez, accouche.


- Voilà ce que je propose.


22h25. Les premiers pas de Viktor en équipe première se passent plutôt bien pour l'instant. Son premier arrêt, quelques minutes après son entrée en jeu, l'a mis en confiance, et il n'hésite pas à élever la voix pour donner ses consignes aux défenseurs. Son équipe joue plus haut, et le pressing de Tirana commence à faiblir. Alors que Teuta vient d'obtenir un coup-franc à 35 m des buts adverses, ce sont finalement les joueurs de la capitale qui récupèrent le ballon et amorcent une contre-attaque éclair. Attention ! Gros danger pour Teuta. Les derniers défenseurs positionnés à hauteur de la ligne médiane sont dans le vent et le face-à-face entre Viktor Molë et Arber Abilaliaj, l'attaquant de Tirana, est inévitable. Pas vraiment le temps de réfléchir, pour Viktor. Il va falloir sortir au devant de l'attaquant. Oui mais pas trop tôt, sinon c'est le lob imparable. Viktor "retient" encore sa sortie pendant une fraction de seconde qui semble durer une éternité, puis, dès qu'il juge que le moment est venu, il fonce en direction d'Abilaliaj avec une surprenante rapidité et, d'un tacle glissé spectaculaire, envoie le ballon en touche. Le stade, qui retenait son souffle sur cette action, éclate de joie dans un tonnerre d'applaudissements. Ouf ! Toujours 1-0 pour Teuta.


22h30. Piro et le Boss ont fait demi-tour et sont revenus sur la plage. A l'extrémité sud de la plage se trouvent les baraquements utilisés pour la location de jet-ski et de petits voiliers. Alors que la porte du petit hangar où sont entreposés les engins pendant la nuit n'a opposé qu'une faible résistance au "savoir-faire" de Piro en matière d'effraction, le Boss, équipé d'un balai déniché par Piro, efface les traces que la Mercedes a laissées sur le sable. Pendant ce temps, Piro sort un jet-ski du hangar et fracture le verrouillage du démarreur. A l'aide d'une corde trouvée sur place, il relie les deux colis du Boss, après les avoir enveloppés dans des gilets de sauvetage afin qu'ils flottent, et noue ensuite l'extrémité de la corde à l'arrière du jet-ski. Il avance alors la Mercedes sur la rampe de mise à l'eau des voiliers et la laisse descendre en roue libre et s'enfoncer progressivement dans l'eau. Une fois qu'elle a totalement disparu sous les flots, et après s'être assuré qu'aucune trace de leur effraction ne risque de mettre les flics trop tôt sur leur piste, les deux hommes, équipés de gilets de sauvetage, pénètrent dans l'eau. Ils se placent de part et d'autre du jet-ski, et s'éloignent lentement de la plage en poussant l'appareil moteur éteint, tout en restant relativement proche de la côte. Il s'agit de ne pas se faire repérer par les garde-côtes, dont les faisceaux des projecteurs se rapprochent dangereusement du littoral.


22h40. Coup franc pour Tirana à 25 mètres environ des buts de Viktor Molë, légèrement sur la gauche en regardant ceux-ci. Le mur formé par les défenseurs de Teuta est à distance règlementaire, et le silence se fait dans un stade qui, une fois de plus, retient son souffle. Abilaliaj prend son élan et frappe directement. Le ballon passe au-dessus du mur, puis plonge en direction de la lucarne droite de Viktor. Celui-ci, faisant preuve d'une agilité et d'une vivacité stupéfiantes, se détend formidablement et repousse le coup-franc vers sa droite, en direction ?d'un joueur de Tirana, qui remise aussitôt en retrait, pour la reprise instantanée du même Abilaliaj. Quel boulet de canon ! Le ballon prend la direction du petit filet sur la gauche de Viktor, qui s'est relevé promptement, et plonge immédiatement sur sa gauche, stoppant in extremis le missile de l'attaquant de Tirana. Deux arrêts fantastiques en moins de cinq secondes. Le stade est en éruption, et Viktor ne peut s'empêcher de penser subrepticement à son frère, tant sa joie est grande.


22h45. Depuis une dizaine de minutes, considérant qu'ils étaient suffisamment éloignés de la plage, Piro a mis en route le moteur du jet-ski, et les deux hommes filent discrètement dans l'obscurité en longeant le littoral en direction de Durrës. Se basant sur le profil de la côte rocheuse qui lui sert de repère, Piro navigue dans une zone inaccessible aux garde-côtes, mais suffisamment éloignée de la rive pour être invisible depuis celle-ci. Il sait qu'il y a maintenant très peu de risques qu'ils se fassent repérer. Ils seront bientôt en vue des premières habitations et c'est là qu'il faudra ralentir l'allure et se montrer très prudent. Rien n'est encore acquis, pourtant Piro réalise qu'il est en train d'accomplir une belle performance, et il ne peut s'empêcher de penser subrepticement à son frère, tant sa joie est grande.


22h45. On joue le temps additionnel au stade Niko Dovana, et Teuta mène toujours 1 à 0. Le pressing des joueurs de Tirana est de nouveau terrible, mais ils n'arrivent pas à égaliser. Viktor Molë récupère le ballon à la suite d'une passe un peu trop profonde d'un attaquant de Tirana, et relance très loin à la main, directement sur Vangjel Mile. Celui-ci dribble le dernier défenseur de Tirana et file sans opposition vers le but adverse, jusqu'au face-à-face avec le gardien. D'un subtil ballon piqué, Mile marque le second but de Teuta, assurant ainsi la victoire de son club. Le public crie, chante, applaudit et scande les noms de Mile et Molë, les deux héros du soir. Sur l'engagement qui suit le but, l'arbitre siffle la fin du match. Score final : 2-0 pour Teuta.




22h55. Les deux hommes arrivent en vue de la zone urbaine de Durrës, et c'est maintenant le Boss qui indique à Piro la direction à suivre. Ils s'engagent lentement dans un bras de mer étroit qui serpente au c?ur des calanques du nord de la ville. Au sortir d'un méandre, apparait une grande bâtisse bordée d'un jardin. Un van luxueux attend les deux hommes près du ponton situé en bordure du jardin de la grande bâtisse. Trois hommes sont là pour accueillir leur patron. Alors que deux d'entre eux aident les deux rescapés à grimper sur le ponton, le troisième se jette à l'eau, détache les colis et les hisse sur le sol. Il enfourche ensuite le jet-ski et s'éloigne en direction de la mer, sans doute pour aller le couler dans un endroit discret. Piro et le Boss se changent sans un mot, enfilant les vêtements secs qui les attendaient dans le van. Les quatre hommes montent ensuite dans le véhicule et partent en direction de Durrës. Le Boss rompt enfin le silence :


- Je crois qu'à partir d'aujourd'hui, je ne t'appellerai plus "petit". Il est inutile de te préciser à quel point je te suis reconnaissant. En plus du respect de tous, tu viens de gagner ta place à mes côtés, Piro.


- Merci patron.


- On te dépose chez toi ?


- Non, laissez-moi en ville, pas trop loin du stade, si possible. Je vais essayer de rejoindre mon frère s'il y est encore.




*****




23h35. Les abords du stade Niko Dovana sont maintenant complètement désertés. Piro attend seul, à proximité de la sortie par laquelle passeront les véhicules du club et des joueurs. Sur le parcours menant au stade, il a croisé les derniers supporters rentrant chez eux ou se rendant dans les bars, et a compris rapidement que Teuta avait gagné le match et que son frère avait joué un rôle dans cette victoire.


La grille du stade s'ouvre et laisse passer les voitures des joueurs de Teuta. Celle de l'entraineur adjoint s'arrête à hauteur de Piro et celui-ci se penche vers la fenêtre arrière ouverte pour s?adresser à Viktor :


- Alors, frangin, si j?ai bien compris, c?est gagné ?


- Oui, 2 à 0. Et toi ?


- Moi aussi, j?ai gagné.


Soudain, le sourire de Piro se fige, ainsi que le reste de son corps, parfaitement immobile pendant 2 secondes, puis Piro disparait, littéralement désintégré.


Alors que le véhicule redémarre, Viktor sauvegarde, puis il soulève la visière de son casque et éteint la console. Il ôte les gants, puis se défait du casque 3D et de la combinaison sensorielle qu?il portait par-dessus ses vêtements. Il récupère sa carte mémoire et sort de la salle capitonnée de réalité virtuelle.




Viktor rejoint Piro au bar de la salle de jeu de Durrës, un franc sourire aux lèvres. Celui-ci est déjà en train de commenter sa première expérience de réalité virtuelle :


- Ce qui est très fort, c?est qu?on peut croiser d?autres joueurs dans cette réalité virtuelle, alors qu'ils ne jouent pas au même jeu. Il suffit de synchroniser lieux, dates et heures, soit au début du jeu, soit quand on veut emprunter une des passerelles entre les jeux. C?est génial. J?ai joué à "Adriatic Gangs" et mon frère était sur "Soccer Stars on Fire", rien à voir, a priori, mais on a sélectionné des missions à Durrës et synchronisé nos temps, et du coup, on a pu se rencontrer avant et après nos missions.


- Et du côté des manipulations, de la jouabilité, c?est facile à utiliser ? interroge un jeune homme.


- C?étaient nos premières missions, donc pas trop difficile, mais ça se compliquera surement un peu plus par la suite, explique Viktor. Par contre il m?a bien fallut une demi-heure d?entrainement et de familiarisation avec les commandes avant que le jeu ne m?autorise à effectuer ma première mission.


- Pareil pour moi, ajoute Piro. Mais il y a des fonctions que j?ai découvertes pendant la mission. Par exemple lorsqu?à un moment, le Boss observe la position des flics avec des jumelles, je me tourne vers lui, et j?essaie à tout hasard la commande "Action ". Hop, il me passe les jumelles. Cool. En les utilisant, je m'aperçois que le temps est automatiquement en pause et que je peux "visiter" en vue aérienne absolument tout l'espace du jeu. C'est comme ça que j'ai repéré le hangar à jet-ski qui m'a permis de réussir la mission. Du coup, plus tard, j'avais pris un balai pour effacer les traces sur le sable, et le Boss est passé à proximité ; j'ai tenté à nouveau la commande "Action" sur lui, et c'est lui qui a récupéré le balai et a effacé les traces. Sympa, ce Boss.


Viktor, lui aussi, a tâtonné un peu et le raconte.


- Avant d'entrer en jeu, je jouais tous les joueurs de Teuta à tour de rôle, comme dans un jeu de foot classique. Mais je pouvais aussi les laisser faire, et basculer vers ma vision subjective depuis le banc de touche. Quand j'ai remplacé le gardien blessé, j'ai d'abord cru que je devais rester en permanence dans ce mode de vision subjective puisque j'étais sur le terrain. Je faisais au mieux pour garder le but, mais je laissais les joueurs se débrouiller quand Teuta avait la balle. Ce n'est que vers la fin du match que j'ai compris que je pouvais - et devais - basculer d'un mode à l'autre afin de défendre en vision subjective, et attaquer en vision globale. C'est comme ça que j'ai pu marquer le deuxième but.




Alors que les frères Molë continuent leurs récits, très à l'aise face à l'attroupement des curieux qui ne cesse de grandir, Lorik Cana, ancien footballeur professionnel et propriétaire de la salle de jeu, observe la scène un peu à l'écart. En tant qu'actionnaire majoritaire de la société Albanian Virtual Reality Games, il détient l'exclusivité de l'exploitation des jeux de réalité virtuelle en Albanie. Des salles VRG? sont en construction dans les sept autres sites de jeux qu'il dirige dans son pays, et les recettes en perspective risquent fort de dépasser les prévisions des plus optimistes. Lorik est content. Il commence à apprécier sa reconversion.




Corben Gallas - Avril 2010


Commentaires
 1 


377 / 455
1la tougueshle 16/01/11 à 21h58

Très chouette histoire !

Well done Corben !


660 / 1195
2Clarence Cyborgle 16/01/11 à 23h42

C'est fort cette fiction ^^


82 / 113
3Bernard All-inle 17/01/11 à 17h35

Corben la classe! Bravo!



Pour ceux qui s'intéressent à l'albanie, je me permets de conseiller "Les aigles" de Cizia Zyke, dans la même veine que sa fameuse trilogie.


331 / 2335
4Claude Lemourinhole 19/01/11 à 12h52

Bravo, j'ai enfin pris le temps de lire cette offrande et c'est très bien écrit et tient bien le lecteur en haleine jusqu'au bout. Chapeau bas !!!


789 / 7953
5Toni Turekle 20/01/11 à 2h47

Je réclame donc logiquement trois points supplémentaires pour ma Teuta.

Non mais.

(Joli texte, Corben).


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